« Un tramway nommé délire », selon le mot d'un élu consulaire qui fait sourire Léonce-Michel Deprez mais qu'il se refuse à cautionner. Ce qui n'empêche pas le président de la CCI de repartir à la charge, étendard au vent, contre le projet du syndicat mixte des transports (SMT) qui avait déjà suscité une levée de boucliers des chefs d'entreprise. « Nous sommes d'accord avec les perspectives du Grenelle de l'environnement », se dédouane-t-il en préambule. Mais imaginer que le nombre de voyageurs entre Béthune et Bruay, actuellement de 822 par jour en bus, passera à 23 000 par jour lorsqu'il y aura un tramway lui apparaît « totalement surréaliste ». En résumé, il s'agit d'un « mauvais investissement qui obérera durablement les finances des collectivités ». Et quand la taxe professionnelle aura disparu, c'est sur la taxe d'habitation et la taxe foncière que reposera ce « projet hasardeux », contradictoire avec la volonté de développer la zone commerciale de la Porte Nord « qui stoppe les flux entre Béthune et Bruay ».
Le nouveau réquisitoire est assorti de cinq propositions. D'abord, renforcer d'urgence l'axe métropolitain. « Un grand pas a été fait avec le doublement de la ligne TER sur laquelle il reste à améliorer la vitesse. Il faut maintenant des propositions sérieuses et rapides pour une liaison routière entre l'A25 et l'A26. Sans attendre dix ans. » Deuxième proposition de Léonce-Michel Deprez : améliorer l'axe Béthune-Noeux-Lens, à la fois par une réfection de la route et des cadences ferroviaires soutenues. « Je récuse la thèse du maire », glisse en passant le président de la chambre de commerce. « L'avenir économique de Béthune n'est pas du côté de Saint-Omer mais à Lens et à Lille. » Entre Béthune et Bruay, plutôt que de construire une ligne de tramway, la chambre de commerce préconise de réorganiser le trafic des bus actuels pour irriguer le coeur des centres-villes. « Quitte à faire rouler ces bus en sites propres là où cela s'impose », ajoute Léonce-Michel Deprez en observant que ce sont les entrées et sorties de villes qui allongent le temps de transport. Quant à la liaison Bruay-Lens, elle ne doit pas passer par Béthune. Rejoignant le lobby écolo, les chefs d'entreprises militent pour la réouverture de la ligne ferroviaire Bruay-Bully prise en charge par la Région.
Enfin, tout en applaudissant l'initiative de Martine Aubry de créer une gare TER au sud de Lille, Léonce-Michel Deprez invite les élus du SMT à se rapprocher de leurs collègues de la communauté urbaine de Lille plutôt que de faire un tramway dans leur coin, comme à Douai : « La réflexion sur le transport des arrondissements de Béthune et Lens doit se faire en coordination avec celle de la métropole lilloise. » Concentrant le tir sur le barreau ouest du tramway, il insiste : « La priorité, ce n'est pas Béthune-Bruay mais les liaisons avec Lens et avec Lille . » •